Marche meeting de soutien du CDP au Sénat à Bobo :Une démarche aux conséquences incalculables et qui pourrait être
Personne n’ignore qu’au Burkina Faso et plus particulièrement à Bobo-Dioulasso, la paix sociale déjà délétère, tient à un bout de fil et par conséquent, il est inutile de vouloir vaille que vaille envenimer la situation, même si l’on croit parfois avoir raison. Il est aussi visible que palpable de se rendre à l’évidence, que l’incivisme a atteint son paroxysme au ‘’pays des hommes (autres fois) intègres’’. Dans un tel contexte, est-il réellement nécessaire d’organiser une contre marche ? Nous en doutons fort, mais en fin….
Ainsi, le mercredi 03 juillet dans l’après midi, le siège du CDP (Congrès pour la Démocratie et le Progrès) Houet à Bobo-Dioulasso, a dû refuser du monde et pour cause : le Président de l’Assemblée Nationale du Burkina Faso en personne, Son Excellence Soungalo Apollinaire Ouattara, a présidé une rencontre sur le Sénat. Selon une source concordante, cette rencontre avait pour objet de ‘’plancher’’ sur l’organisation d’une marche meeting pour soutenir la création du Sénat, le samedi 06 juillet à Bobo-Dioulasso. L’idée est géniale, mais il est parfois bon de savoir raison garder. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il semblerait que l’organisation de cette marche meeting serait une réponse à la marche d’une certaine opposition politique qui contesterait la création du Sénat au Faso.
Pour nous, cette marche n’a pas de sens, car à notre avis le caractère républicain de l’Etat burkinabé ne permet pas la remise en cause de l’institution Sénat, en ce sens que la Loi instituant le Sénat fait partie intégrante de la Constitution de notre pays.
Pour ceux qui ne le savent pas, l’institution du Sénat au Burkina Faso a une histoire. Au temps forts de la crise sociopolitique qui a secoué le Burkina Faso courant février, mars 2011, ‘’l’enfant terrible’’ du Boulkiemdé, Maître Hermann Yaméogo, a tenu un point de presse unique en son genre à son domicile. Au cours de ce point de presse, le président du «Têkré» a estimé qu’il était impérieux de procéder aux réformes politiques et institutionnelles au Burkina Faso, afin d’éviter une guerre civile au pays. Depuis donc cette date, il a toujours ‘’fait des pieds et des mains’’, afin que le gouvernement admette la création de cette institution, afin que toutes les catégories sociales du pays mènent un débat inclusif et sans complaisance sur l’état de la nation, afin de sauver ce qui peut l’être. Nous pouvons dire au risque de nous tromper que c’est en ‘’direct ‘’ de la capitale du nord Ouahigouya, que le Président du Faso, Blaise Compaoré a été contraint d’admettre la création du CCRP (Conseil Consultatif sur les Réformes Politiques). Après la création de l’institution dirigée par l’enfant terrible des Banwa, le Dr Bognéssan Arsène Yé, la société civile, les partis d’opposition, le parti majoritaire, les partis de la mouvance présidentielle et les communautés coutumières et religieuses entre autres, ont été invités à choisir des représentants.
En son temps, des partis d’opposition, épris de paix et de justice sociale au Burkina Faso comme l’UNDD ont donné leur accord de principe de participation au Conseil consultatif. Ils ont été rejoints par certaines associations de la société civile, les partis de la mouvance présidentielle et nous en oublions, en somme, tous ceux qui veulent la paix et la cohésion sociale au Burkina Faso. Et comme dirait l’autre, la paix n’a pas de prix. Il est aussi connu de tous, que pour modifier un article de la constitution, il faudrait que certaines conditions soient réunies.
Aux cours des conseils consultatifs sur les réformes politiques au Burkina Faso, des missions gouvernementales ont sillonné le pays pour expliquer aux uns et autres la nécessité des réformes politiques et aussi recueillir les attentes et suggestions du peuple quant à la gouvernance du pays. Ainsi, à la faveur de ces assisses, il a été clairement établi que les ‘’points non-consensuels’’ de la constitution restent en l’état, et que les ‘’points consensuels’’ seront mis en application. Soyons sincères pour reconnaitre que certains refusent parfois de jouer leur partition. Aux temps forts des assises sur les réformes politiques et institutionnelles, à notre connaissance on n’a empêché personne de donner son point de vue sur la vie de la nation, ni moins, sur un article de la constitution. Pour nous, l’institution du Sénat au Burkina est une suite logique.
Ceci étant, le Burkina Faso étant un Etat de droit, il est normal qu’une catégorie de la société qui se sente lésée puisse manifester, c’est leur droit. L’opposition politique autour du chef de file de l’opposition aurait dû ‘’battre le fer’’ quand il était chaud, mais à ce stade nous craignons fort que cela puisse aboutir, à partir du moment où la création du Sénat fait partie intégrante de la constitution.
Nous pensons tout de même qu’il était loisible pour le CDP, de laisser les partis se manifester, car c’est leur droit constitutionnel de marcher ou de manifester leur ras-le-bol sur une situation donnée. Mais aller jusqu’à organiser une contre marche pour répondre à l’opposition politique, nous pensons que cela est inadmissible et pourrait avoir des conséquences incalculables et préjudiciables à la paix sociale déjà délétère dans cette partie du Burkina. Nous osons croire qu’on n’en arrivera pas là. A bon entendeur, salut.
Seydou DIABO
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